Des maisons à l’intérieur des barrières ont été détruites, vers minuit, à la Sablière, en face de l’entrée qui mène à la Résidence du président de la République, ABO, dans la commune d’Akanda. De nombreuses familles sont remises à zéro, des investissements anéantis, et des cœurs brisés.
Selon les victimes, ce sont des engins du service public de la Garde républicaine (GR) qui ont démolis ces maisons, poussant leurs occupants à la détresse sans dédommagement. La plupart des victimes détiennent pourtant des documents dûment signés par les services du cadastres et du tribunal.

« Les faits se déroulent dans la nuit du 11 au 12 octobre 2022 à minuit quand j’étais interpellé par les voisins. Je suis installé ici depuis 2011, la route de la sablière n’existait pas, la commune d’Akanda n’existait pas. J’ai bâti une maison R+1 que vous pouvez voir, tout est démolie. Une barrière et du matériel à l’intérieur.
J’ai trouvé sur place les agents de la GR qui ont commis cet acte. J’ai identifié le numéro du porte-char : 2945. Lorsque j’arrive sur les lieux, il y a eu des faits d’intimidations, des menaces, parce que mon téléphone portable m’a été arraché et effacé tout ce qui se trouvait à l’intérieur. Quatre éléments m’ont suivis quand je partais à mon véhicule. Ensuite, j’ai été séquestré…

Personne n’est venue vers nous pour nous avertir de cette présume démolition. Au lendemain des faits, nous nous sommes rendus à la mairie d’Akanda. Puisque ce sont eux même qui écrivent “les arrêts des travaux et démolitions” un peu partout. Jusqu’à présent aucun éléments de réponse. Ça fait une semaine aujourd’hui.
Nous avons fait une demande d’audience pour rencontrer le maire, nous n’avons pas été reçu. Nous avons attendu une semaine. Je vais interpeller deux personnes: le premier ministre, le chef du gouvernement et le Président de la République, est-ce que c’est ça que vous réservez pour la jeunesse ?
Nous avons travaillé, ma famille et moi, pendant 11 ans, c’est vu l’état de nos moyens, nous étions quasiment au bout du tunnel. Ce sont les éléments de la garde républicaine qui étaient là cette nuit. J’appelle au premier ministre, je veux que justice soit faite. Je dois me retrouver dans mes droits.

Je veux que je sois dédommagé. J’appelle également le chef de l’Etat, je veux que je sois dédommagé. Lorsque les populations sont impactées dans une zone où il y a un projet, ils sont directement identifiés et ils sont directement dédommagés. Pourquoi pas à la sablière ? » explique, Valère Ondo, victime des maisons démolies.
Même son de cloche pour Stéphanie Ngala épse Awangui, victime, « je suis vraiment très touchée lorsque j’ai appris que ma maison était cassée. Je suis venue urgemment à Libreville pour constater. Je n’habite pas ici. Je suis en Franceville. Ce sont des terrains qu’on nous a vendues avec des arrêtés.
Et quand j’arrive malheureusement, le fruit de mes efforts est rasée. Donc moi j’interpelle le président de la République qui avait promis le Logement pour Tous de nous dédommager parce que nous avons investi avec notre argent.

Ce ne sont pas des détournements publics, c’est la sueur de notre front. Donc, on veut être dédommagé. Et j’apprends que les gens sont arrivés tardivement dans la nuit à 24 H cassé. Soit disant les engins de la GR. Ils ont agi comme des bandits. Et, j’interpelle la justice gabonaise. Si vraiment on est dans un pays de droit, que justice soit faite.»
Plusieurs juristes et analystes pensent que les victimes de ces démolitions devraient être indemnisées. « On devait démolir après avoir indemnisé les victimes. » Disent-ils. Une procédure qui devrait suivre l’évaluation des biens à perdre. « Malheureusement, regrettent-ils, dans notre pays, on roule les victimes dans la farine et l’argent sert à des fins privées ».
Brice Madouta